QUATRIÈME MODULE | Comprendre le traumatisme par procuration et y faire face
QUATRIÈME PARTIE | Comment faire face au traumatisme par procuration
Ce qui vous rend susceptible au traumatisme par procuration est spécial et unique. Différentes personnes présentent différents facteurs de risque. Les choses qui vous aideront à faire face à votre traumatisme par procuration sont tout aussi uniques – elles reflètent vos propres besoins, expériences, centres d’intérêt, ressources, valeurs, et votre culture.
Le reste de ce module examinera la manière dont vous pouvez développer un plan adapté pour faire face à votre traumatisme par procuration. Nous allons commencer par examiner deux aspects connexes de la gestion du traumatisme par procuration : la résistance et l’adaptation et la transformation. Nous examinerons ensuite trois thèmes importants qui peuvent vous aider à élaborer votre plan d’action : la conscience, l’équilibre et la connexion.
Un plan d’action efficace pour faire face à votre traumatisme par procuration devra refléter vos propres besoins, expériences, centres d’intérêt, ressources, valeurs, et votre culture.
Résistance et adaptation au traumatisme par procuration
La plupart des travailleurs humanitaires sont témoins ou entendent parler de situations de grande misère et de souffrance durant leur mission, et la plupart d’entre eux vivront probablement de ce fait un traumatisme par procuration.
La résistance et l’adaptation au traumatisme par procuration implique d’apprendre à vivre avec ce processus, afin que vous puissiez effectuer votre travail. Cela signifie qu’il faut accepter que le traumatisme par procuration fasse partie intégrante de votre travail, et apprendre à le gérer efficacement au jour le jour. Concrètement, cela signifie identifier des stratégies qui peuvent à la fois empêcher le traumatisme par procuration de s’aggraver et de devenir problématique, et aider à gérer le traumatisme par procuration lorsqu’il devient plus problématique.
Résister et s’adapter au traumatisme par procuration signifie identifier des stratégies qui peuvent à la fois empêcher le traumatisme par procuration de s’aggraver et aider à gérer le traumatisme par procuration lorsqu’il devient plus problématique.
De bonnes stratégies de résistance et d’adaptation vous aident à prendre soin de vous – elles vous aident notamment à vous évader, vous reposer et vous amuser. Ces stratégies peuvent notamment comprendre :
- S’évader : se retirer, faire le vide, physiquement et mentalement (lire des livres ou regarder des films, prendre un jour ou une semaine de congé, jouer à des jeux vidéo, parler à des amis d’autre chose que du travail) ;
- Se reposer : n’avoir ni buts, ni horaires à respecter, ou faire des activités relaxantes (s’allonger dans l’herbe et regarder les nuages, déguster une tasse de thé, faire une sieste, se faire masser) ; et
- S’amuser : prendre part à des activités qui vous font rire ou vous mettent de bonne humeur (partager des histoires drôles avec un ami, jouer avec un enfant, se montrer créatif, être actif physiquement).
De bonnes stratégies de résistance et d’adaptation au traumatisme par procuration vous aident à prendre soin de vous – elles vous aident notamment à vous évader, vous reposer et vous amuser.
Réflexion…
- Quelles sont les trois activités que vous pratiquez régulièrement ou que vous aimez pratiquer et qui vous aident à résister au traumatisme par procuration et à vous y adapter ?
- Pourquoi ces activités vous aident-elles à résister au traumatisme par procuration et à vous y adapter ? (Conseil : pensez aux activités qui vous aident à contrer vos facteurs de risque du traumatisme par procuration, ou à faire face à vos signes spécifiques de traumatisme par procuration.)
Transformer le traumatisme par procuration
Transformer le traumatisme par procuration va bien au-delà de la simple résistance et adaptation. N’oubliez pas qu’avec le temps, les changements de nature spirituelle deviennent l’une des composantes clés du traumatisme par procuration. Vous pouvez en arriver à remettre en question vos convictions les plus profondes sur la vie et l’univers, l’existence et la nature du sens de la vie et de l’espoir. Les travailleurs humanitaires peuvent être quotidiennement confrontés aux questions les plus troublantes que l’être humain est amené à se poser : pourquoi y a-t-il tant de souffrance dans ce monde ? Dieu existe-t-il ? Si oui, comment Dieu peut-il laisser de telles choses se produire ? Pourquoi les hommes commettent-ils des actes si atroces les uns envers les autres ? Pourquoi eux, et pas moi ?
Lorsque vos convictions les plus profondes sont remises en cause et altérées en par ce que vous vivez au travail, vous changez en tant que personne. Il ne s’agit pas toujours d’un processus confortable ! Oui, vous serez changé à cause des choses terribles que vous allez voir et entendre, et par votre vécu du traumatisme par procuration. Mais vous n’êtes pas une victime sans défense face à ce processus. Vous pouvez transformer votre traumatisme par procuration et contribuer à utiliser ces expériences douloureuses pour le bien.
Au niveau le plus profond, transformer le traumatisme par procuration signifie identifier des manières de cultiver un sens de la vie et un sentiment d’espoir. Qu’est-ce qui donne un sens à votre vie et à votre travail, et qu’est-ce qui vous donne de l’espoir, ou renouvelle votre espoir ? Il est important de savoir comment répondre à ces questions. Cela vous donnera un cadre pour affronter les questions difficiles que soulèvent le travail humanitaire – même lorsque ces questions ne semblent pas avoir de réponse facile (voire aucune réponse). Trouver des moyens de rester connecté aux sources importantes de sens et d’espoir dans votre vie, même lorsque vous êtes confronté à de terribles difficultés, vous aidera à transformer votre traumatisme par procuration.
Transformer le traumatisme par procuration signifie identifier des manières de cultiver un sens de la vie et un sentiment d’espoir.
Vous avez probablement dans votre vie des sources de sens, de raison d’être, d’espoir et de perspective. On peut citer, entre autres moyens de se connecter (ou de se reconnecter) à ces sources :
- Se rappeler l’importance et le rôle du travail humanitaire ;
- Rester en contact avec sa famille, ses amis et ses collègues ;
- Remarquer et prêter attention aux « petites choses » volontairement – le simple fait de déguster une tasse de café, le bruit du vent dans les arbres, ou de brefs échanges avec d’autres personnes ;
- Marquer les transitions, célébrer les victoires et porter le deuil avec les personnes qui comptent pour vous par l’entremise des traditions, des rituels ou des cérémonies ;
- Prendre le temps de réfléchir (par ex. en lisant, en écrivant, par la prière ou la méditation) ;
- Identifier et défier ses propres convictions cyniques ; et
- Réaliser des activités qui promeuvent le développement personnel (apprendre, écrire dans un journal, être créatif et artistique).
Réflexion…
- Quelles sont les trois activités que vous pratiquez régulièrement ou que vous aimez pratiquer et qui vous aident à transformer le traumatisme par procuration à un niveau plus profond ?
- Quelle est selon vous la différence entre une activité de résistance et d’adaptation et une activité de transformation ? Y a-t-il quelque chose qui pourrait vous aider à résister et vous adapter au traumatisme par procuration, et à le transformer en même temps ? Dans quelle mesure ?